Cadre PARiHS d'application de la recherche à la pratique

Kitson, A., Harvey, G. et McCormack, B. (1998). Enabling the implementation of evidence based practice: a conceptual framework, Quality in Health Care, 7, 149-158, DOI : 10.1136/qshc.7.3.149, récupéré à la page http://qualitysafety.bmj.com/content/7/3/149.abstract

Description

Le cadre PARiHS (Promoting Action on Research Implementation in Health Services, soit promouvoir l'action en application de la recherche aux services de santé) procure un moyen d'appliquer la recherche à la pratique. Grâce à des études de cas sur des équipes qui appliquent les données probantes, ce cadre permet d'examiner les interactions entre trois éléments clés de l'application des connaissances. Trois facteurs déterminent l'utilisation de la recherche :

  • les données probantes (DP)
  • le contexte (C)
  • la facilitation (F)

Il est significatif que, selon le cadre, réussir l'application de données probantes à la pratique dépende autant du contexte ou du cadre où les nouvelles données sont introduites et de la manière dont elles le sont (application facilitée), que de leur qualité.

Le cadre PARiHS englobe des thèmes provenant de la littérature grise sur l'utilisation de la recherche, comme :

  • l'application de la recherche à la pratique est un enjeu organisationnel, et non individuel;
  • les données probantes issues de la recherche doivent être solides (provenir, par exemple, d'un examen systématique sur des études méthodologiquement solides) pour que leur application soit justifiée;
  • les stratégies d'application exigent une planification soignée et doivent consister en une série d'interventions qui s'attachent à la nécessité de l'éducation et de la vérification, et à la gestion du changement;
  • les critères pour évaluer l'incidence de l'intervention doivent être définis et convenus avant qu'un changement soit effectué.

Voici quelles sont les principales caractéristiques du cadre PARiHS :

  • les données probantes englobent les sources codées ou non de connaissances, y compris les données probantes issues de la recherche, l'expérience des professionnels, les préférences et les expériences communautaires et les renseignements locaux;
  • mélanger ce genre de données probantes et l'appliquer à la pratique exige d'en arriver à une compréhension commune des avantages, des inconvénients, des risques et des pertes que représente la nouvelle pratique, par rapport à l'ancienne;
  • certains contextes sont plus propices que d'autres à une application réussie des données probantes à la pratique, comme les organismes qui possèdent des leaders transformationnels, des éléments d'organismes favorisant le renouveau et des mécanismes d'évaluation;
  • le cadre est axé sur la nécessité d'une facilitation appropriée pour améliorer les chances de succès; les besoins d'un organisme déterminent le genre de facilitation ainsi que le rôle et la compétence du facilitateur; celui-ci collabore avec des personnes et des équipes afin d'améliorer le processus d'application.

Étapes de l’utilisation de la méthode/de l’outil

D'après le cadre PARiHS, l'application réussie de la recherche à la pratique est en fonction du rapport entre la nature des données probantes, le contexte où le changement proposé doit être apporté et les mécanismes par lesquels le changement est facilité. Le cadre est présenté comme suit :

AR = f (DP, C, F)

où AR = application réussie, DP = données probantes, C = contexte, F = facilitation et f = en fonction de.

Chaque facteur, soit les données probantes, le contexte et la facilitation, se compose de sous-éléments qui peuvent être cotés sur une échelle allant de faible à élevé. Si chaque facteur est bien coté, l'application est plus susceptible d'être réussie (Kitson et coll., 1998; Kitson et coll., 2008).

1. Données probantes : évaluer la nature et la force des données probantes et leur potentiel d'application. Il existe quatre bases de données probantes :

  • recherche -les données probantes doivent être converties et adaptées pour qu'elles aient un sens dans le contexte local; les données probantes issues de la recherche sont moins certaines et moins objectives qu'elles en sont souvent qualifiées;
  • expertise et expérience des professionnels - les connaissances tacites ou le savoir-faire pratique des professionnels doivent être expliqués clairement pour pouvoir être partagés, critiqués et améliorés;
  • communauté ou population visée - les groupes et les communautés doivent être pris en compte dans les décisions;
  • contexte et environnement locaux -les données sur le contexte local, comme les données d'évaluation, les anecdotes sur la collectivité locale et les connaissances sur la culture organisationnelle, doivent être prises en compte.

2. Contexte : le contexte est l'environnement ou le cadre où les changements proposés doivent être apportés; il se divise en trois éléments fondamentaux : la compréhension de la culture dominante, les rôles de direction et l'approche de l'organisme à la mesure (l'évaluation); voici d'autres aspects clés du contexte :

  • la pertinence de l'innovation aux yeux de l'organisme
  • la place de l'innovation dans les structures et les procédures organisationnelles, pour savoir si elle est plus susceptible d'être adoptée
  • les ressources adéquates d'application, où les ressources sont bien réparties, ciblées et gérées
  • le recours à des stratégies d'application d'un ordre multidisciplinaire.

3. Facilitation : la facilitation décrit le genre de soutien qu'il faut pour aider les gens à modifier leur attitude, à changer leurs habitudes, à renforcer leur compétence et à changer leur façon de penser et de travailler; les facilitateurs permettent aux gens de comprendre ce qu'ils doivent changer et comment apporter le changement pour obtenir le résultat voulu; voici les dimensions qui font partie du rôle de facilitation : caractéristiques personnelles (ouverture, crédibilité, authenticité et ainsi de suite); caractéristiques du rôle (clarté du rôle, pouvoir et ainsi de suite); et style de facilitation (portée et souplesse de style, présence constante et appropriée, et ainsi de suite); voici les principales caractéristiques de facilitation du cadre :

  • la facilitation est un processus qui dépend de la personne (le facilitateur) qui joue le rôle, tout en possédant les compétences, les qualités et les connaissances nécessaires;
  • l'objet de la facilitation va d'aider à l'atteinte d'un but à permettre à des personnes et des équipes d'analyser, de réfléchir et de changer leurs propres attitudes, comportements et façons de travailler;
  • un «continuum de facilitation» établit la distinction entre un rôle «d'exécutant pour d'autres» (plus discret, pratique, technique et axé sur la tâche) et un rôle «d'habilitation» qui est mobilisateur et vise à encadrer et à soutenir les autres dans leurs processus d'apprentissage et de changement;
  • les aptitudes à la facilitation s'acquièrent par l'apprentissage expérientiel et l'acquisition de compétences de facilitation clés;
  • la facilitation est une intervention discrète (stratégie d'application des connaissances).

Quatre études sont présentées : les données probantes y ont une cote élevée; le contexte et la facilitation y en ont une qui va de basse à élevée. L'application des données probantes est plus susceptible de réussir si le contexte est favorable au changement et si la facilitation du changement est appropriée.

Le cadre ne tient pas compte de facteurs organisationnels et politiques plus larges dans le contexte local, y compris de la présence de mesures d'encouragement au changement ou d'autorisations de changement. En tant qu'agent de changement dans le processus d'application, le facilitateur devrait songer à ces questions.

Évaluation

Le cadre a été évalué par une étude de cas sur des infirmières en milieu clinique. Selon l'évaluation, les données probantes, le contexte et la facilitation sont des éléments clés lorsqu'il s'agit d'appliquer des données probantes à la pratique (Rycroft-Malone et coll., 2004). Cependant, le contenu, l'objet et la dynamique du cadre doivent être étudiés plus à fond pour que l'adéquation, l'intégralité et l'exactitude soient garanties. L'étude a révélé que les professionnels ont du mal à utiliser de solides données probantes des quatre types (issues de la recherche, découlant des expériences cliniques, provenant de l'expérience des patients et recueillies à l'échelle locale). De plus, l'application de données probantes dépend à la fois de facteurs organisationnels et individuels.

Selon Kitson et coll. (2008), le cadre PARiHS est un outil utile lorsqu'il s'agit d'appliquer la recherche, mais il n'a essentiellement pas été mis à l'épreuve. Ils sont également d'avis qu'il vaudra peut-être mieux l'utiliser sous forme de processus en deux étapes : s'en servir comme mesure provisoire des données probantes et du contexte, puis utiliser les données cumulatives découlant de ces mesures pour déterminer la meilleure méthode de facilitation. Ainsi, les décideurs pourront adapter les interventions d'application des connaissances au contexte local. Kitson et ses collègues ont aussi découvert trois difficultés que présente le cadre en matière d'application :

  1. la nécessité d'intégrer des points de vue théoriques dans le cadre pour examiner ce qui fonctionne en application des connaissances
  2. la nécessité de mettre au point et à l'épreuve des instruments diagnostiques et d'évaluation pour les trois éléments et les sous-éléments du cadre
  3. la nécessité de vérifier comment les différents éléments du cadre sont reliés entre eux, et comment leur relation influe sur les résultats de l'application des connaissances.

Ces sommaires sont préparés par le CCNMO afin de condenser la matière et offrir un aperçu des ressources figurant dans le Registre des méthodes et outils, et pour fournir des suggestions quant à leur utilisation dans un contexte de santé publique. Pour plus d’information sur une méthode/un outil mentionné dans le sommaire, consultez les auteurs/développeurs de la ressource d’origine

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